La suspension de parution de la Truffe, qui n'a pas su trouver son public, prouve une fois encore la non-élasticité du marché des quotidiens nationaux.
Après sept semaines d'existence, La Truffe dépose les armes faute de liquidités et d'un seuil de diffusion suffisants. Jean Schalit, directeur de la publication, estime qu'il faudrait 12 millions d'argent frais pour un redémarrage avant Noël. Les fondateurs du journal ont contribué, pour 7 millions, à son lancement. Mais cette manne a vite été avalée avec le recrutement de 75 salariés dont une quarantaine de journalistes.
La souscription publique de 20.000 actions de 500 F chacune, autorisée par la COB jusqu'au 15 octobre, n'a rapporté que 7 millions -toujours bloqués au CIC- au lieu des 10 millions prévus. « Nous avons dû interrompre la souscription alors que des milliers de demandes affluaient , déplore Jean Schalit . Nous avons demandé à la COB une deuxième tranche d'appel public à l'épargne. En principe, rien ne s'y oppose, sauf à résoudre auparavant le problème des investisseurs ".
Le directeur de la publication n'a pu obtenir ces dernières semaines de soutiens bancaires, notamment de la part du CIC. « La banque n'a même pas accepté d'ouvrir la moindre ligne de crédit ni d'assurer le portage sur les 3 millions qui nous auraient servi de levier pour la tranche supplémentaire de 10 millions ". De son côté, le CIC, qui n'était que dépositaire de la souscription, estime avoir été approché très tardivement par les dirigeants du quotidien pour boucler l'appel public à l'épargne. Jean Schalit ne désespère pas de susciter l'intérêt de nouveaux investisseurs afin d'éviter un dépôt de bilan.
L'hypothèse la plus souvent évoquée serait la relance sous forme hebdomadaire, à condition de réussir à séduire des partenaires. La Truffe se placerait comme concurrent direct du Canard Enchainé qui se targue d'une diffusion payée de 385.000 exemplaires. Les ventes de La Truffe, démarrées avec 120.000 exemplaires, se sont effondrées pour osciller la semaine dernière, entre 25.000 et 28.000 exemplaires.
Cette suspension prouve une fois encore les limites de l'élasticité du marché des quotidiens en France: faute d'avoir su conquérir un public ou à cours de financement, Le Matin, Le Temps de la Finance, Forum, L'Imprévu, J'Informe ou encore Paris Ce Soir ont tour à tour mis, au cours des dernières années, la clef sous le paillasson. D'autres projets n'ont jamais vu le jour comme Oméga ou Le Grand Paris auxquels Jean Schalit a d'ailleurs collaboré. The European a finalement modifié sa périodicité pour adopter une parution hebdomadaire. La récession publicitaire, entamée outre-Atlantique et dont les ondes de choc commencent à frapper l'Europe, ne devrait pas inciter les éditeurs à se lancer, pour l'heure, dans d'importants investissements dans la presse quotidienne-
On rêve d'une presse totalement indépendante sans annonceurs aux finances alimentées par des citoyens de base souscripteurs et par les lecteurs mais les tentatives de création ont en général très vite avorté ...La Truffe n'a vécu que quelques semaines , le temps tout de même de publier un article sur les retombées locales de l'implantation de la centrale de Penly : <<L'Emirat>>.....Hélas dans l'Emirat , il reste bien quelques émirs mais ce n'est plus vraiment ça .....YVONLABAUDRUCHE